Restauration arts décoratifs
Dans le cadre du chantier des collections des arts décoratifs, toutes les œuvres présentes dans l’hôtel de Lacroix-Laval ont été déménagées, inventoriées et sont à présent protégées dans une réserve externalisée.
Cette étape essentielle a ainsi permis de recenser, de photographier plus de 36 000 objets et d’engager les premières restaurations.
Portrait d’une jeune inconnue par Corneille de Lyon (1500/1510–1575)
Huile sur bois réalisée entre 1520 et 1540
Destiné à être exposé dans le futur parcours du musée à sa réouverture, ce délicat portrait de jeune femme par Corneille de Lyon est passé par les ateliers de Catherine Lebret pour une remise beauté.
Ce portrait faisait partie de la collection d’Édouard Aynard avait été présenté en 1904 à Paris lors de l’exposition "Les primitifs français", puis à "L’exposition rétrospective des artistes lyonnais, peintres et sculpteurs" en octobre de la même année au Palais Municipal des Exposition, quai Bondy à Lyon.
En 1913, Émile Babouin, ami de monsieur Aynard et fondateur, avec d’autres, du musée des arts décoratifs de Lyon, acquiert le tableau lors de la vente de la collection Aynard en 1913. À la mort de monsieur Babouin, ce tableau de Corneille entre dans les collections du musée des Tissu et des Arts décoratifs.
L’œuvre qui présentait quelques altérations et de fines lacunes sur la couche picturale, a récemment fait l’objet d’une restauration dans les ateliers de Catherine Lebret.
Le portrait a également bénéficié d’un dépoussiérage, d’un décrassage et d’un nettoyage du vernis.
Le cadre a lui aussi bénéficié d’une intervention de refixage partiel et de consolidation.
Avant toute restauration préventive ou curative, il faut faire un constat d’état, observer les dommages et les manques.
Dès lors qu’une œuvre est exposée, quelle que soit sa typologie, il faut veiller à son environnement, à la lumière qui intervient sur l’éclat des couleurs notamment, à son climat (température et hygrométrie constantes), par exemple. Les musées sont garants de ces conditions. Mais les œuvres vivent. Une huile sur panneau est réalisée sur un matériau qui se rétracte ou se courbe avec le temps.
De plus, selon les époques et les zones géographiques, la qualité des vernis employés pour protéger de la poussière et raviver les couleurs, va être différente. Et parfois, quand les tableaux anciens sont exécutés dans des tons sombres, comme c’est le cas ici, le glacis se confond avec le vernis. C’est pourquoi il faut que les restauratrices observent le sujet aux UV.
Restauré avec le concours de la Région, confinancé par l'État (Ministère de la culture/DRAC Auvergne-Rhônes-Alpes)
Portrait de Jean Revel par Donat Nonnotte (1708–1785)
Huile sur toile réalisée en 1748
Ce portrait intimiste de Jean Revel par Donat Nonnotte est la seule image connue de l’artiste.
Cadré à la taille et présenté de ¾, Jean Revel portant une perruque est dépeint en robe de chambre dans un intérieur, appuyé sur le dossier d’un fauteuil. Avec son pinceau, Donat Nonnote restitue toute la beauté, le soyeux et la finesse des étoffes d’antan.
À l’époque de Louis XV, Jean Revel, surnommé le « Raphaël de la Fabrique » était un grand dessinateur et négociant. On lui attribue également l’invention du « point rentré » ou « berclé », une méthode de tissage particulière et propre au travail de la soie, et dont l’effet de nuances de couleurs obtenu s’apparente à une exécution picturale.
En 1748, il s’adresse à Donat Nonnotte, artiste agrée par l’Académie Royale de peinture huit ans plus tôt. Il souhaite un portrait intimiste qui n’a pas pour vocation d’être exposé au public. À sa mort, il lèguera ce tableau à sa fille aînée Jeanne-Barbe Revel, épouse de l’échevin Jean-François Clavière, et restera dans la famille Brunet-Clavière jusqu’en 1880, date à laquelle il est légué à la Ville de Lyon pour le musée des Beaux-Arts.
Il a ensuite été déposé au musée d'Art et d'Industrie de la Chambre de Commerce, avant d’intégrer les collections du musée des Arts décoratifs en 1941.
Avant restauration par Catherine Lebret, l’œuvre présentait quelques altérations et quelques craquelures sur la couche picturale, ainsi qu’une petite lacune au niveau de la chevelure. Dans le cas d’un manque, lorsque la peinture est partie à un endroit, le degré de réintégration est toujours discuté en amont avec la Conservation. Il faut respecter le travail initial de l’artiste et conserver le passage du temps sur l’œuvre. On procède d’abord à un masticage qui permet la mise à niveau de la lacune avant de procéder à la réintégration picturale, autrement dit la retouche.
Le vitrail « la légende de la licorne », Lucien Bégule (1848 – 1935)
Le vitrail « La légende de la licorne » a été redécouvert en 2020, à l’occasion du chantier des collections des Arts décoratifs et fait l’objet d’une restauration d’envergure par l’atelier de vitrail Isabelle Baudoin. Entièrement remonté et restauré, il sera mis en valeur dans le nouveau parcours de visite.
Cette restauration a bénéficié du mécénat de la fondation AG2r la Mondiale pour la vitalité artistique.
Présentée à l’Exposition universelle de 1900, la verrière « La Légende de la licorne » vaut à Lucien Bégule, figure la plus importante dans l’histoire du vitrail lyonnais, l’obtention d’une médaille d’or. Si Lucien Bégule dessinait souvent ses compositions, il avait aussi pris l’habitude de collaborer avec plusieurs artistes de talent. Les ateliers de Lucien Bégule réalisent notamment des vitraux d'après les dessins d’Eugène Grasset.
Pour la Licorne, Émile-Joseph Delalande, un cartonnier spécialisé dans les vitraux de style néo-gothique, est désigné pour le dessin de la composition. Ce dessinateur spécialisé dans le vitrail est réputé pour sa connaissance des styles anciens et souvent appelé à collaborer avec les ateliers pour des restaurations de vitraux du Moyen-Âge et de la Renaissance.
Prenant la forme d’une baie en plein-cintre, le vitrail La Légende de la licorne est composé de dix panneaux, séparés par des barlotières de plomb, et a pour motif central L’Annonciation. Sous une arcature dans le goût du Moyen Âge, ornée de choux frisés, l’archange Gabriel apparaît à la Vierge Marie. Elle se détourne de sa lecture et reçoit le message inscrit en toutes lettres dans un bandeaux à leurs pieds. À cette iconographie religieuse est associée, en partie inférieure, une scène de chasse à la licorne avec à droite, un ange sonnant la trompette et à gauche, un chasseur armé d’une lance.
Le clavecin Donzelague
Le clavecin Donzelague est une pièce maitresse des collections du musée. Cet exceptionnel clavecin en noyer à deux claviers, réalisé en 1716, est l'œuvre de Pierre Donzelague (1668 - vers 1750), musicien et facteur lyonnais. .
En 2020, en prévision de la restauration de l'hôtel de Lacroix-Laval et du déménagement des œuvres, le clavecin a été déposé à la Cité de la Musique - Philharmonie de Paris le temps des travaux.
Après une première intervention sur la table d’harmonie par une restauratrice peinture, le travail va porter sur le piétement début 2022, puis sur le décor de dorure et le travail du facteur.
Le 10 mai 2022, les notes du clavecin ont résonné à l’occasion d’un concert donné à la Philharmonie de Paris.