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160 ANS DE COLLECTIONS. Les trésors du musée des Tissus et des Arts décoratifs de Lyon
À l’occasion de son 160e anniversaire, cet ouvrage bilingue propose un nouveau regard sur la plus grande collection de tissus au monde – et la deuxième d’art décoratif en France –, réunissant 84 experts auteurs de 160 notices qui sont autant de découvertes portées à la connaissance de tous.
160 ans de collections
Il y a tout juste 160 ans était créé le musée d’Art et d’Industrie de Lyon. Institution pionnière en France, il est rebaptisé musée historique des Tissus en 1891, avant d’être complété, en 1925, par un deuxième musée spécialisé dans les arts décoratifs.
Depuis, il n’a jamais cessé d’enrichir et de diversifier ses collections. Celles-ci couvrent plus de quatre millénaires, de l’Égypte antique à nos jours, et vont du Japon aux Amériques en passant par la Chine ; des plus belles étoffes de l’Orient et de l’Occident aux soieries lyonnaises, sans oublier la création contemporaine.
INFORMATIONS PRATIQUES
COEDITION LIENART EDITIONS
Ouvrage collectif sous la direction et de Marion Falaise, responsable des collections et d’Aziza Gril-Mariotte, directrice générale du musée des Tissus et des Arts décoratifs.
35 €
24,5 x 28 cm
cartonné contrecollé
360 pages
320 illustrations
Bilingue français / anglais
ISBN : 978-2-35906-448-3
Cet ouvrage a bénéficié du financement du Fonds de dotation du musée des Tissus et des Arts décoratifs, géré par Unitex.
REGARD SUR 4 TRÉSORS EXTRAITS DE L'OUVRAGE
TUNIQUE
Cette tunique est un témoignage exceptionnel des pratiques funéraires de l’époque pharaonique. Le lieu de découverte de cette pièce n’est pas connu mais, par analogie avec d’autres exemples similaires, elle proviendrait d’une tombe féminine en Egypte, durant la Ve dynastie.
La tunique est en lin, composée d’une pièce principale, cousue entre deux lisières, et de deux pièces rapportées pour les manches. Le tissu de la partie centrale a été plié en quatre avant d’être plissé, ce qui explique le pli médian ; les manches présentent également un jeu de pliure.
Les tuniques, comme les autres tissus découverts dans les nécropoles, ont en outre permis de mieux connaitre le niveau technique des tisserands égyptiens qui ont produit des étoffes de lin d’une grande finesse.
PARAVENT À DOUZE FEUILLES À DÉCOR DE SCÈNES DE CHASSE DANS UN PAYSAGE
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les laques de Chine et du Japon faisaient partie, au même titre que les porcelaines, des cargaisons d’objets précieux rapportés en Europe par les navires des compagnies européennes des Indes orientales. En raison de leur fragilité et de leur encombrement, les grands paravents étaient alors rares et considérés comme des pièces d’exception. Dès le XVIIe siècle, certains furent découpés pour être intégrés dans les boiseries de cabinets chinois. Ils servirent par la suite au placage de meubles européens, de sorte que très peu d’entre eux sont parvenus intacts jusqu’à nous.
Ce paravent présente un paysage ponctué de scènes de chasse, encadré par une large bordure florale polychrome flanquée de frises de lotus stylisés. La scène centrale est peinte à l’or sur fond de laque noire, selon une technique appelée miaojin, dont la région de Canton s’était fait une spécialité.
Le modèle conservé par le musée constitue donc un rare témoignage du grand mobilier de laque peint à l’or produit en Chine au XVIIe siècle à destination des marchés européens.
VITRAIL, LA LÉGENDE DE LA LICORNE
L’immense baie en plein cintre, composée de dix panneaux ayant pour scène centrale L’Annonciation, est présentée à l’Exposition universelle de 1900 où l’artiste reçoit une médaille d’or pour l’ensemble de ses envois.
Sous une arcature, l’archange Gabriel apparaît à la Vierge Marie. Le vitrail montre une utilisation importante de verres à matière que l’on désigne généralement par l’expression « verre américain ». De fabrication artisanale, translucides, aléatoirement colorés ou opalescents, animés de reliefs réguliers ou irréguliers, ces verres sont élaborés à partir de 1879 dans les verreries de Brooklyn par des cristalliers d’origine lorraine. Lucien Bégule, à l’instar des maîtres verriers Félix Gaudin ou Eugène Oudinot, est parmi les premiers à les employer lorsque le procédé est introduit en France.
Ces effets de matière, associés à une composition dynamique, comprenant en bordure un déroulement de rinceaux qui enchâssent les figures des chasseurs et de la licorne plusieurs fois répétées, font de cette verrière un bel exemple de l’expression de l’art du vitrail entre le symbolisme et l’Art nouveau.
ROBE INFANTE, COLLECTION HAUTE COUTURE PRINTEMPS-ÉTÉ 2004
Pour cette robe de cocktail, la maison de couture Carven a eu recours à un tissu d’ameublement : un riche lampas à fond cannetillé, produit par la maison Tassinari et Chatel, une réédition d’une étoffe d’époque Louis XV, en coloris or.
Créée en 1945, la maison Carven, voit se succéder après la retraite de sa fondatrice Marie-Louise Carven- Grog en 1993, plusieurs directeurs artistiques, dont Pascal Millet entre 2001 et 2007. En nommant ce modèle « Infante », le couturier souhaite évoquer les princesses d’Espagne, immortalisées par Vélasquez. Il en propose une version modernisée, dans la même veine que les créations d’inspiration historique de Christian Lacroix. Le corsage rigide et montant qui comprimait la poitrine, devient un bustier fendu au niveau des seins, joint avec le bas de la robe comme à l’époque. Dans une interprétation très libre du vertugadin espagnol, une sorte de dessus de robe en rembourrage donne une ampleur rigide à la jupe courte et bouffante.
La soierie d’ameublement, par son décor et sa tenue, s’adapte parfaitement aux références historiques auxquelles le styliste a fait appel pour cette silhouette destinée à illuminer le défilé.