Les sujets des projets des étudiants en écoles d'art et de design sont toujours témoins et porteurs des préoccupations d'une génération. Leurs productions interprètent et retranscrivent donc de manière formelle, graphique et sensible, des idées qui sont symptomatiques d'une époque et de ses mutations. Avec « le vêtement » en son sens le plus large comme porte-parole, les jeunes designers de mode expriment alors un regard personnel et critique sur leur société. Ainsi, « Ex-poser au sol » invitait à l'origine le spectateur à se laisser porter par les différents récits des pièces présentées à plat, et ce, au cours d'une déambulation dans la « Salle des tapis » au Musée des tissus. Désormais, le mur du site internet remplace le sol de la pièce. Avec une approche dorénavant virtuelle, comment combler les écarts de présentation d'une exposition qui se voulait pensée pour une expérience en présence ? Nous vous proposons alors d'expliquer brièvement la mise en scène initiale, afin d’apprécier et de comprendre au mieux l'ambition de cet événement. « Rien n'est innocent ». C'est principalement autour de ce précepte que se forge la démarche d'un apprenti designer. Tout l'enjeu des étudiants était donc de proposer un biais par lequel présenter leurs pièces, qui puisse à la fois de tenir compte de la force symbolique de la « Salle des Tapis » et de leurs visions du design. « Ex-poser » le vêtement nous a donc semblé être une réponse qui satisfaisait cette double envie. De fait, au sol, l'habit est ex-posé : il est transporté littéralement hors du corps du sujet pour devenir objet manifeste à la vue de tous. A plat, le vêtement ne répond plus aux normes de présentations traditionnelles. Ni portant, ni mannequin sont présents ; en somme, aucun corps artificiel qui ne sauraient restituer que maladroitement son volume. Ici, l'objet de mode se suffit à lui-même, simplement mis en valeur sur un chemin de sol en kraft brun. Ce "tapis-sage" n'étant pas sans évoquer l'emblématique papier patron, il accueille une vingtaine de projets juxtaposés aux univers singuliers.L'habit ici s'affranchit alors de tout : de son aspect porté, du mouvement, de sa tridimensionnalité, de son contexte. Préférant poser des questions plutôt que de donner des réponses : cette forme de présentation nous a permis de nous questionner sur la décontextualisation que provoque l’exposition éphémère des pièces seules et de leurs réceptions par le spectateur. Au-delà donc d'une lecture isolée de chaque projet, notre volonté était d’interroger la question de l’exposition. Chaque artefact étant à la fois remarquable pour sa technique et sa réflexion. Les interactions entre les projets créent alors des liens et font émerger des histoires au regard du passé de chacun. Être curateur ne s’improvise donc pas. C'est la raison pour laquelle nous avions opté pour une logique de présentation où le vêtement se donnait à lire modestement au public. - Les affiches présentées ici gardent le même objectif : engager un imaginaire plutôt que de le brider…. et donner à lire un « aperçu » de notre démarche de chercheur au sein de L’Ecole Supérieure de Design La Martinière Diderot à Lyon. » – Texte rédigé par Pierre-Louis Engmann, étudiant en BTS Design de mode.