Questions/Réponses
Pourquoi rénover le musée ?
Le musée, témoin de la longue histoire que Lyon entretient avec les tissus, a failli disparaitre, comme ont disparu de nombreuses entreprises dans le secteur. La Région Auvergne-Rhône-Alpes œuvre désormais pour lui rendre sa juste place, l’ouvrir au plus grand nombre, tout en le maintenant au cœur de la presqu’île dans un cadre exceptionnel.
Aujourd’hui, le musée des Tissus ouvre une nouvelle page de son histoire.
Les bâtiments ne sont plus aux normes actuelles d’accessibilité. Des marches et escaliers se succèdent, rendant les visites très inconfortables, voire impossibles pour les personnes à mobilité réduite. L’ensemble des circulations horizontales, mais aussi verticales par les ascenseurs, doit être revu. Par ailleurs, les collections textiles sont fragiles. L’absence de travaux remet en cause les conditions d’une bonne conservation de ces dernières. Ainsi, pour le bien-être, la sécurité des visiteurs et la préservation des oeuvres, il était temps d’engager la construction d’un grand musée du XXIe siècle. Seule une vraie renaissance permettait d’ouvrir le musée à tous et de le rendre attractif.
Comment va s’organiser l’espace du nouveau musée ?
L’hôtel de Lacroix-Laval, anciennement musée des Arts décoratifs, accueillera le parcours de visite permanent.
Il faut envisager ce parcours des collections comme une succession d’espaces, de salles dont les thèmes seront permanents et permettront de faire dialoguer les oeuvres textiles avec celles des arts décoratifs, présentés par rotation.
En effet, l’exposition des textiles s’accompagne de fortes contraintes en termes d’intensité lumineuse, de durée d’exposition, de mode de présentation, de contrôle du climat et de la pollution… La préservation des objets impose donc une exposition restreinte dans le temps, suivie de longues périodes de « repos » dans les réserves.
Les expositions temporaires et autres manifestations culturelles se répartiront entre l’hôtel de Villeroy restauré et l’hôtel neuf, nouvelle construction faisant le lien entre les deux hôtels particuliers XVIIIe du site. A l’articulation des deux bâtiments historiques, il garantit une continuité des circulations entre tous les espaces du musée et a pour fonction d’apporter toutes les fonctionnalités d’un musée moderne.
Quelle est l’ampleur et la nature de la rénovation des salles de l’hôtel de Lacroix-Laval ? Les décors XVIIIe vont-ils disparaître ?
Les décors XVIIIe vont être conservés et restaurés et seront mis en valeur dans les nouveaux parcours de visite. Les œuvres textiles, jusqu’à présent exposées dans l’hôtel de Villeroy, et les oeuvres des arts décoratifs accueillies dans l’hôtel de Lacroix-Laval jusqu’alors, seront réunies et présentées ensemble dans les salles de l’hôtel de Lacroix-Laval.
Les salles seront magnifiquement rénovées, pour une expérience de visite riche et complète. Chaque salle présentera les textiles et les arts décoratifs par période pour reconstituer l’époque et présenter les œuvres dans leur contexte.
Pourquoi réunir les collections ?
Les tissus et leurs déclinaisons dans l’ameublement et l’habillement évoluent en fonction des styles arts décoratifs, mais aussi des beaux-arts. La présentation conjointe et la juxtaposition des textiles avec les arts décoratifs fait apparaitre des relations entre tous les arts. Lorsqu’un style marque une époque, les vêtements, les tissus d’ameublement et le mobilier partagent ses caractéristiques. Il est donc important de mettre les deux collections en regard et de les réunir. La fusion des collections permet de renouer avec le projet initial du musée au XIXe siècle.
En effet, dès la fin du XVIIIe siècle se fait sentir la nécessité d’établir à Lyon, un musée conservant les exemples les plus brillants des productions de la Fabrique lyonnaise, ainsi que des éléments propices à favoriser la créativité et l’excellence des professionnels de la soierie.
Au XIXe siècle, Natalis Rondot, chargé de préfigurer le musée, avait imaginé un musée d’Art et d’Industrie regroupant tissus et objets d’arts. Le musée des Tissus et le musée des Arts décoratifs sont les héritiers du musée d’Arts et d’Industrie inauguré le 6 mars 1864 dans les locaux du Palais du commerce de Lyon.
Les deux entités sont aujourd’hui réunies pour renaître sous l’appellation « musée des Tissus/Textile Arts Museum ». Dès les prémices, les collections ont été en lien étroit avec la filière textile. Cette connexion n’a jamais cessé et constitue l’identité même du musée, repère fondamental dans une région ou l’activité textile reste très présente.
Quelles seront les nouveautés dans les futures visites ?
Les collections textiles et arts décoratifs vont se répondre tout au long du nouveau parcours de visite, dans les salles de l’hôtel de Lacroix-Laval. Les nouvelles technologies seront présentes pour améliorer la compréhension et l’attractivité des collections. Cet apport technologique se fera de façon raisonnable et contribuera à enrichir les niveaux d’information mais ne se substituera en aucun cas à la matière et aux œuvres.
À cette dimension technologique, s’ajouteront des animations, des activités conduites par des médiateurs, des guides. Le service culturel et pédagogique du musée travaille dès à présent sur ces nouvelles offres de visites, orientées vers tous les types de public, toute génération confondue.
La nature et la richesse des collections du musée, la diversité des domaines d’activités impliqués dans la filière textile et dans les arts décoratifs offrent une grande variété de sujets, comme en témoignent les expositions passées. La renaissance du musée va permettre de poursuivre une politique d’expositions temporaires très attractives pour le public avec un programme annuel ambitieux. Les grandes expositions "Yves Saint Laurent, les coulisses de la Haute Couture à Lyon" en 2019, et "Art, Mode et Subversion, la collection Lee Price au musée des Tissus", en 2020 annonçaient déjà cette ambition.
L’ACTIVITÉ DU MUSÉE PENDANT LA FERMETURE
Pendant les travaux, pourquoi ne pas avoir laissé ouvert un des deux hôtels particuliers ?
Pendant les travaux, un important travail sur les collections est à mener, mobilisant les équipes du musée. C’est ce que l’on appelle un chantier des collections : il s’agit de recenser les œuvres qui se trouvent dans les réserves, de constater leur état, de les photographier, puis de les reconditionner avant de les déménager pour vider les bâtiments avant travaux. C’est un travail colossal compte tenu du nombre d’œuvres contenues dans les réserves du musée, sans qu’un récolement ait pu être réalisé depuis des décennies.
En effet, au cours de 150 ans d’existence du musée, les collections ont été accumulées sans toujours donner lieu à l’établissement d’inventaires.
Signe de reconnaissance de ses collections exceptionnelles, le musée a reçu l’appellation « Musée de France ». Il a ainsi pour mission de préserver, d’enrichir, d’étudier, de valoriser les collections permanentes, reconnues d’intérêt public, et de les mettre à la disposition du public selon le code du patrimoine.
À travers ce vaste chantier des collections, le musée satisfait ainsi à l’obligation légale de récolement décennal des Musées de France.
Ce chantier ambitieux, soutenu par la Région Auvergne-Rhône-Alpes est une opportunité unique de procéder à l’inventaire des collections, de mieux les étudier et les connaître.
En outre, il est très difficile de garder une activité avec des travaux de restauration extérieure et intérieure sans porter préjudice aux collections. La mobilisation des équipes du musée sur le déménagement, sur le chantier des collections et sur l’avancement des travaux, et les menaces sur les collections en phase chantier rendent impossible l’ouverture partielle de l’établissement.
Y aura-t-il des espaces ouverts au quotidien sans avoir à acheter un billet de visite ?
À travers ce projet, il y a une volonté forte de créer autour du musée, un lieu de vie et de restituer cet écrin patrimonial aux Lyonnais.
En dehors des visites d’exposition, il sera possible de profiter du jardin de l’hôtel de Lacroix-Laval aux heures d’ouverture du musée, de se rendre à la boutique, au restaurant et d’accéder au café, dont la terrasse se trouvera dans la cour de l’hôtel de Villeroy. Un havre de paix, en plein cœur de ville !
Un auditorium de 150 places accueillera conférences, concerts, spectacles de formes diverses. Un lieu dédié aux savoir-faire textiles devrait prendre place dans le musée. Il permettra de s’initier à tout âge à l’art et au design.
Comment la création contemporaine sera valorisée ?
Auvergne-Rhône-Alpes est une région textile importante. Ce musée a été créé par les soyeux lyonnais et les industriels comme source d’inspiration pour nourrir les industries lyonnaises. Dans cette continuité, les collections du musée doivent rester une source d’inspiration pour les artistes et artisans contemporains. Des résidences d’artistes se tiendront dans le nouveau musée.
Depuis l’implantation de la soierie à Lyon à la Renaissance et aujourd’hui encore, le textile reste un enjeu majeur même si les entreprises et leurs productions sont moins connues du grand public. De nombreuses zones géographiques (autour de Roanne, de Saint-Etienne, du Parc Naturel Régional des Monts d’Ardèche…) concentrent en Auvergne-Rhône-Alpes, les industries textiles.
Nouvel équipement phare de l’histoire passée, présente et future du textile, le musée aura pour vocation de fédérer cet écosystème riche d’acteurs et d’initiatives, en favorisant les rencontres et les synergies entre entreprises et créations contemporaines.
Des fouilles sont-elles prévues ?
Le quartier d’Ainay est occupé depuis l’époque gallo-romaine, un travail va donc être mené avec les archéologues pour rendre compte de la richesse du quartier. Un diagnostic va déterminer si des fouilles doivent être entreprises. Ces études sont menées sous la supervision du service régional archéologique de la DRAC et du service archéologique de la ville de Lyon.
LE PROJET ARCHITECTURAL
Que va-t-on détruire dans ce projet de renaissance ?
Préalablement au lancement du concours de maitrise d’œuvre, une étude patrimoniale a été conduite par la Région pour mieux connaitre les origines des différentes constructions, leurs valeurs architecturales et patrimoniales. Ceci afin de mieux appréhender les perspectives d’évolution et de transformation du musée.
Au-delà des deux hôtels particuliers XVIIIe, situés entre cour et jardin, figures importantes et classiques de l’histoire de l’architecture, le site a fait l’objet de nombreuses modifications au cours du temps. Autour de ces deux hôtels, se sont agglomérés des bâtiments par opportunité et de valeur patrimoniale moindre. Seront démolis les bâtiments qui ne présentent pas de valeur patrimoniale particulière, qui sont mal conçus ou en mauvais état et présentent des surfaces inutilisables, des escaliers empiriques, des circulations chaotiques.
Quel est le devenir du jardin de Lacroix-Laval ?
L’entrée des visiteurs sur le site du musée se fera par le jardin de l’hôtel de Lacroix-Laval, espace préservé au cœur du quartier d’Ainay. Situé au centre de la parcelle, le jardin devient donc un point d’accueil très identifiable et rend le musée plus visible depuis la rue de la Charité.
Ce travail fait l’objet de discussion avec la conservation régionale des monuments historiques pour ne pas dénaturer son esprit originel. Le jardin sera accessible aux heures d’ouverture du musée.