Portraits tissés du comte et de la comtesse de Provence
Le portrait officiel exécuté en étoffe
Portraits tissés du comte et de la comtesse de Provence par Philippe de Lasalle
En intégrant les collections du musée des Tissus et des Arts décoratifs de Lyon en 2018, ce double portrait tissé assoit le génie du dessinateur, fabricant en étoffe et inventeur illustre de la grande Fabrique Lyonnaise, Philippe de Lasalle (1723-1804)
Le musée conserve dans ses collections plusieurs dessins, mises en carte, étoffes et portraits tissés de Philippe de Lasalle. À l’instar du portrait tissé de l’Impératrice Catherine II de Russie, ce double portrait montre tout le savoir-faire de l’artiste.
Quand le fil remplace la peinture
En 1771, promise à Louis Stanislas Xavier, comte de Provence et futur roi Louis XVIII, la jeune Marie-Joséphine de Savoie se rend à Paris. Sur son chemin, elle s’arrête à Lyon et en profite pour visiter quelques ateliers de soierie, comme il est alors d’usage. Au cours de sa visite, elle fait une halte chez Philippe de Lasalle, l’un des dessinateurs de la Grande Fabrique Lyonnaise. Celui-ci offre à la jeune femme les portraits tissés du Roi Louis XV et de son futur époux.
Peu de temps après la célébration de leurs noces, Philippe de Lassalle monte à Paris avec le portrait tissé de Marie-Joséphine devenue comtesse.
Les portraits en camaïeux des époux s’inscrivent chacun dans un médaillon. Ils se font face, dans un parfait profil rappelant les camées ou encore les médailles à l’effigie des Rois de Rome dans l’antiquité et des Princes de la Renaissance. Contrairement au portrait tissé de Catherine II de Russie, ceux-ci n’ont pas été rapportés de broderies de fleurs, mais les cadres dorés dans lequel ils ont été montés sont décorés en leur sommet d’un nœud sculpté, iconographie très répandue au XVIIIe siècle.
Les coiffures et les vêtements portés par le couple, traduits avec finesse, rendent compte de la mode d’antan (coiffure en catogan et habit avec cravate pour lui, coiffure en tapé et robe pour elle). Le modelé des visages est également traité avec le plus grand soin grâce aux ombres et aux lumières formées par les nuances d’une même teinte employées par le tisseur.
Par la mise au point de ce procédé, les portraits façonnés de Philippe de Lasalle rivalisent avec les portraits peints.