KATAGAMIS ET DESSINS DE FABRIQUE
Japonisme, une histoire d’influence
Marquant un véritable tournant esthétique dans le dernier quart du XIXe siècle, l’iconographie en provenance du Japon, inspire et renouvelle la création dans tous les domaines. Les motifs japonisants fleurissent sur les soieries lyonnaises, aussi bien tissées qu’imprimées, comme en témoigne le rapprochement entre ces maquettes de Charles Bellon, dessinateur lyonnais et des katagamis japonais de la fin de la période Edo (1840-1868).
Le katagami, pochoirs japonais pour impression textile
Produits à l’époque impériale japonaise dans les villes de Shiroko et Jike, proches de Nagoya, les katagamis ont remplacé les pochoirs sculptés en bois (période de Nara 1710-1794) employés pour les techniques surie ou kyôkechi.Fabriqués à Edo (Tokyo), Kyōto et dans la province d’Ise, ils servent à imprimer les étoffes, principalement pour les kimonos et les yukatas, l’ameublement, ou encore employés dans le cadre de rituels de la vie civile ou religieuse.
Le katagami se compose de plusieurs feuilles de papier "washi" (issu d’écorces de mûriers), collées les unes aux autres et imperméabilisées avec du jus de kaki fermenté qui donne cette couleur brunâtre et protège par la même occasion, de certaines moisissures.
Une fois le motif minutieusement découpé, le katagami est déposé sur l’étoffe, puis enduit d’une pâte de riz teinté, avant d’être plongé dans un bain de teinture. Dissoute à l’étape de rinçage, la pâte servant de réserve, laisse apparaître en négatif, le dessin final.
Ces katagamis proviennent de la collection de Charles Bellon (1890-1976), dessinateur pour l'industrie textile, qui a puisé dans leur forme des compositions. Avec ces maquettes aux compositions florales asymétriques, aux lignes ciselées comme le découpage d’un pochoir se relevant par contraste, ils forment son fonds d’atelier. Situé rue Bon pasteur à Lyon, il a travaillé pour de nombreux fabricants de soierie lyonnais telles les maisons Chavent, Brochier, Béraud, Petits-fils Bonnet, Schulz.
Pourquoi intégrer nos collections ?
En complétant le fonds existant, ces katagamis mis au regard des motifs textiles pour la soierie lyonnaise dont ils s’inspirent, témoignent plus largement de cette source nouvelle d’inspiration esthétique qu’a représenté le Japon aux XIXe et XXe siècles.
REMERCIEMENTS
Depuis leur acquisition entre 1905 et 1910, cet ensemble de katagamis s’est transmis de génération en génération au sein de la famille Leroudier-Bellon, avant d’entrer dans les collections aux côtés des maquettes du dessinateur Charles Bellon, grâce à la générosité de Blanche et Bertrand Bellon. Leur geste s’inscrit dans l’histoire du musée des Tissus et des Arts décoratifs, et nous tenons à leur exprimer, notre profonde gratitude.