Les pans de gilet «  à disposition » sont taillés dans un taffetas bleu-vert broché de fil de soie dans les tons de marron, de jaune, de vert tendre, de vieux rose, de rose pâle et de corail à décor d'arcades en treillage sommées d'une coupe fleurie. De part et d'autre de cette coupe, se tiennent majestueusement des oiseaux, peut-être des ibis huppés de Madagascar. Tandis que des palmes s’inscrivent sur les montants, le long des lisières.

La largeur des laizes, la nature des lisières et le dessin des treilles semblent indiquer une production française, peut-être parisienne, vers les années 1770-1780.

L’association des motifs et de la gamme de couleurs, témoigne de l'engouement européen pour l'exotisme oriental très en vogue au cours du XVIII^e siècle.

À cette époque, Paris dispose de nombreux ateliers qui proposent des pièces «  à disposition », désignant une méthode de coupe qui permettait au client de choisir un tissu déjà brodé ou broché, avant d’être coupé et cousu à ses mesures.

Ces pièces aux côtés de la robe d’intérieur de Vaucanson, illustrent parfaitement cette pratique, et ainsi, des différentes destinations que pouvait avoir un même tissu.

Ici, du gilet, un vêtement formel qui compose le costume masculin appelé «  habit à la française », à la tenue informelle très en vogue d’une robe de chambre portée dans l’intimité des intérieurs.

Nommée la «  chasuble de Vaucanson » dans sa famille, ce vêtement appartenait à Jacques Vaucanson (1709-1782), mécanicien de génie, inventeur d’automates et du premier métier à tisser automatique reproduisant le geste artisanal du tisserand.

Ce type de tenue d’intérieur pour homme, également dit banyan, se caractérise par sa forme ample à manches longues et petit col droit, généralement taillée dans des soieries aux motifs orientalisants, parfois doublée de fourrure ou de soie. Celle de Vaucanson a d’ailleurs conservé au niveau des coutures, des traces du taffetas rose pâle qui constituait sa doublure d’origine.