Retisser pour la soierie lyonnaise
Dessin, mise en carte et retissage

© Lyon, musée des Tissus et Arts décoratifs – D.R.
Réalisé par Lucien Gaillard, dessinateur et metteur en carte, pour la manufacture Bianchini Férier, entre 1958 et 1984, cet ensemble illustre une profession indispensable à la fabrique lyonnaise mais dont l’auteur reste le plus souvent anonyme.
Dans l’atelier d’un dessinateur-metteur en carte de la soierie lyonnaise
Les travaux de Lucien Gaillard dessinateur-metteur en carte, montrent les coulisses de la production des dessinateurs textiles, et plus particulièrement de la seconde moitié du XXe siècle, pour les grandes maisons de soierie lyonnaise.
Rencontre entre l'artisanat et les techniques industrielles, le processus de création d’une étoffe se déroule ainsi : le dessin de fabrique est réalisé à la gouache, avant d’être retranscrit avec précision sur sa mise en carte, étape qui matérialise sur un papier finement quadrillé, tous les effets du motif, de l’emplacement des fils, leurs couleurs et leurs modes d’entrecroisements (armures), avant de passer à l’étape finale du tissage.
Regard sur le fonds conservé par le musée
Les collections du musée des Tissus et des Arts décoratifs documentent le rôle du dessinateur pour l’industrie textile depuis le XVIIIe siècle, avec Jean Revel, Jean Pillement, Philippe de la Salle ou encore aux siècles suivants, avec Jean-Démosthène Dugourc et Jean-François Bony pour la fin du siècle. Puis au XIXe siècle avec Antoine Berjon ou Paul de Longpré, puis Raoul Dufy pour la maison Bianchini Férier, celle de Michel Dubost pour la maison François Ducharne.
Cet ensemble de Lucien Gaillard illustre la période d’après-guerre où Lyon est la capitale des ateliers de dessins qui travaillent pour Paris et à l’international.
Pourquoi intégrer nos collections ?
L’ensemble des pièces qui fut présenté et récompensé, en 1976, au concours des Meilleurs ouvriers de France, apporte de précieuses précisions sur les conditions de la création, les commandes et les contraintes techniques inhérentes à la pratique des retissages par les grandes maisons de soierie.
Si au cours du XXe siècle l’artiste fournisseur de dessin sort de l’anonymat, les sources restent encore muettes pour ceux qui sont spécialisés dans la reproduction de documents anciens. Cet ensemble éclaire ainsi, cette facette de l’industrie lyonnaise dans les années 1980.
REMERCIEMENTS
Cet ensemble de tableaux tissés, laizes, mises en carte et dessins est entré dans les collections grâce à la générosité de Lucien Gaillard, en mémoire d'Augusta Igolen, en 2024. Son geste s’inscrit dans l’histoire du musée des Tissus et des Arts décoratifs, et nous tenons à lui exprimer, notre profonde gratitude.