Coiffes traditionnelles
Ouzbèques

© Lyon, musée des Tissus et Arts décoratifs – D.R.
Depuis sa création, le musée des Tissus et des Arts décoratifs n’a eu de cesse de voyager à travers le monde, pour collecter des objets illustrant les pratiques et les techniques textiles de l’humanité. Direction l’Ouzbékistan, pour vous dévoiler l’histoire de cet ensemble de coiffes.
La Tubeteïka, la coiffe traditionnelle
Tubeteïka est un mot d’origine russe (lui-même dérivé du tatar "tubetei" signifiant "sommet" auquel a été ajouté le suffixe russe "-ka") désignant une grande variété de calottes dans toute l’Asie centrale. Autrefois portées quotidiennement, tant par les adultes (hommes et femmes, à l’exception des femmes âgées) que par les enfants, ces coiffes sont désormais portées plus occasionnellement, pour des cérémonies ou des rassemblements festifs.
En Ouzbékistan, ces couvre-chefs aussi appelés dopy (orthographiés : dopé, doppa, doppi, duppi…), font partie du costume traditionnel. Pointus, ronds, à quatre pans… Leur forme, la palette de couleurs et leur décor brodé varient d’une région à l’autre, et témoignent du statut social comme de l’âge du porteur. On compte six grands groupes stylistiques régionaux : Chust, Tashkent, Samarcande, Boukhara, Kachkadaria, Sourkhandaria et Khorezm.
Leur confection, tout un art
Ces accessoires sont généralement constitués de plusieurs épaisseurs de tissus, principalement en coton, cousus ensemble et matelassés dans un jeu de coutures verticales qui rayonnent à partir du sommet de la coiffe.
Le modèle le plus répandu est celui dans le style de Chust, dans la vallée de Ferghana. Généralement de forme tétraédrique, simple et facilement pliable, il se reconnaît à des motifs brodés de fils blancs sur un fond noir. Sur le dessus de la calotte, le piment stylisé présent est un motif prophylactique, tandis que les arches répétées sur le pourtour, sont symboles de vie et de fertilité.
L’art de la broderie occupe une place majeure en Ouzbékistan où certaines techniques sont particulièrement appréciées, comme le point satin dit "bosma", le point iroki qui est un demi-point de croix ou encore le point de chaînette dit "yurma". Au XIXe siècle, la ville de Boukhara s’érige en capitale de l’artisanat de la broderie d’or, dite "zardozi" dont le style éponyme se reconnait par l’opulence des décors brodés, rehaussés de fils métalliques, de perles et de paillettes.
Pourquoi intégrer nos collections ?
Aux côtés des pièces textiles déjà conservées par le musée, comme des ikats et des broderies dites "Suzani", ces coiffes illustrent la richesse de l’art et du savoir-faire textile en Asie centrale, comme l’importance du commerce des routes de la soie reliant l'Orient et l'Occident.
REMERCIEMENTS
Grâce à la générosité du couple de collectionneurs Denise et Michel Meynet, ces trente-et-unes coiffes, ainsi que quatre céramiques d’artistes illustrant plusieurs tendances contemporaines, ont intégré les collections en 2024. Leur geste s’inscrit dans l’histoire du musée des Tissus et des Arts décoratifs, et nous tenons à leur exprimer, notre profonde gratitude.